Joseph Kabila et son clan accusés d’avoir détourné des millions de dollars au Congo, UBS impliquée

Lundi 22 novembre 2021

Afrique

Joseph Kabila et son clan accusés d’avoir détourné des millions de dollars au Congo, UBS impliquée

Plusieurs médias internationaux et ONG ont pu consulter des documents bancaires mettant en cause l’ancien président congolais dans d’importants détournements de fonds publics. La filiale genevoise d’UBS serait impliquée, a révélé vendredi « Public Eye »

Marie-Amaëlle Touré Publié lundi 22 novembre 2021 à 05:09 Modifié lundi 22 novembre 2021 à 05:38

138 millions de dollars. Cette somme mirobolante est celle qu’aurait détourné des caisses de l’Etat, Joseph Kabila, ancien président de la République du Congo. L’étendue de l’affaire intitulée « Congo Hold-Up » a été révélée vendredi par un consortium de médias internationaux et d’ONG, dont Public Eye. Sous la coordination du réseau d’investigation European Investigative Collaborations (EIC), ces médias ont analysé pendant six mois les 3,5 millions de documents et de transactions bancaires issus de la filiale congolaise de la BGFIBank, obtenus par la Plateforme de Protection des Lanceurs d’Alerte en Afrique (PPLAAF) et Mediapart.

[…] Sud Oil, la « siphonneuse »

7,3 millions de dollars versés par l’ONU dans le cadre d’une mission de maintien de la paix, 3,2 millions appartenant à la société Foner gérant les routes congolaises ou encore 30 millions détenus par la banque centrale du pays. L’ensemble de cet argent, le peuple congolais, dont 70% vit avec moins de 2 dollars par jour, n’en a jamais vu la couleur. Il a soigneusement été transféré sur les comptes de la société Sud Oil, au sein de la BGFIBank à Kinshasa contrôlé par Gloria Mteyu et Francis Selemani, respectivement sœur et frère adoptif de l’ancien président Kabila. Entre opérations bien calculées, faux libellés et transactions antidatées, la BGFIBank « a fait preuve d’une incroyable ingéniosité financière pour aider le clan Kabila à s’enrichir », analyse Public Eye.

« Sans employés, sans numéro fiscal ou de TVA, Sud Oil a toutes les caractéristiques de la société-écran. Officiellement active dans le secteur immobilier, elle brasse des sommes colossales, réalisant de mystérieuses transactions internationales, rarement justifiées par des documents, notamment au travers de banques suisses », poursuit Public Eye. On apprend ainsi que la première transaction de Sud Oil avait pour destination la Suisse et un compte bancaire auprès d’UBS Genève. Elle aurait servi à financer le bâtiment qui abrite la société à Kinshasa.

Ce compte « s’est vu crédité, autour d’une transaction immobilière fin 2013, de 12 millions de dollars à la provenance pour le moins problématique. Cet argent […] a permis à la société-écran des Kabila d’acquérir le bâtiment du 43, avenue Tombalbaye. Celui qui lui sert aujourd’hui officiellement de bureau, détaille l’ONG. L’argent qui a servi à l’achat de cet immeuble a été siphonné dans les caisses de l’Etat congolais. La transaction n’aurait pas été possible sans la tolérance des services de conformité d’UBS », assène Public Eye, rappelant la loi contre le blanchiment d’argent qui depuis fin 2013 exige des intermédiaires financiers diligence et transparence dans le cadre d’une transaction. Lire la suite.

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