Économie Livres
Le groupe Editis suspend la parution d’un livre de Guillaume Meurice juste avant sa sortie
Dans un dictionnaire historique et humoristique, le chroniqueur de France Inter égratignait Vincent Bolloré, premier actionnaire de Vivendi, maison mère du groupe d’édition. Le directeur du Robert invoque aussi des « risques de contentieux ».
Par Ariane Chemin Publié hier à 21h48, mis à jour à 00h26
Le dictionnaire devait sortir le 29 septembre aux éditions Le Robert (propriété du groupe Editis). Un dictionnaire historique et humoristique, coécrit par Guillaume Meurice, chroniqueur de l’émission « C’est encore nous » sur France Inter, et Nathalie Gendrot, metteuse en scène et auteure régulière de la maison.
Le fin mot de l’histoire de France en 200 expressions, devait être un livre rigolo. Est-ce qu’il n’a pas fait rire Vincent Bolloré, premier actionnaire de Vivendi, maison mère d’Editis, le groupe d’édition chargé de publier l’ouvrage ? Michèle Benbunan, sa directrice générale a en tout cas préféré purement et simplement faire suspendre ce livre.
Explication officielle : « sept passages » du livre seraient « susceptibles de donner lieu à contentieux », a expliqué, mardi 13 septembre au soir, fort ennuyé et visiblement bouleversé, le directeur des éditions Le Robert, Charles Bimbenet, à Guillaume Meurice. Soit l’avant-veille du rendez-vous fixé aux auteurs pour venir signer leur ouvrage, qui s’inscrivait dans une collection à laquelle ont participé des auteurs prestigieux comme le linguiste Alain Rey (200 drôles de mots qui ont changé nos vies depuis 50 ans, ouvrage publié en 2017).
« Pas de caviardage »
L’éditeur avait pourtant sollicité lui-même les auteurs il y a un an et le fameux dictionnaire avait été lu, relu, annoté. « Tout roule désormais selon la direction juridique sauf deux expressions : Louboutin et Bolloré », finit par expliquer M. Bimbenet à Guillaume Meurice début août. Le premier passage litigieux concernait Vincent Bolloré, cité dans la définition de « Faire long feu : Expression remplacée aujourd’hui par : révéler sur Canal+ les malversations de Vincent Bolloré ». L’autre entrée du dictionnaire posant problème concernait l’expression « Etre talon rouge : Aujourd’hui, les Louboutin jouent le même rôle : bien montrer aux autres qu’on est capable de porter un smic à chaque pied ».
« Pas de caviardage, répond en riant le chroniqueur de France Inter, sinon je fais une vidéo pour dire ce qui vous attend quand on écrit un livre chez Bolloré ! » A la limite, il veut bien entendre que Louboutin soit une marque très procédurière, comme on le lui explique – il ignore sans doute encore aujourd’hui que ces chaussures de luxe sont le péché mignon de Michèle Benbunan. Mais le passage sur Bolloré, non, pas question ! Charles Bimbinet prend note et le rassure : « Ok. On laisse comme ça. Ça va le faire. »
Selon la direction de la communication du groupe, ces nouveaux passages sont susceptibles de tomber sous le coup « de la diffamation, de l’injure et de la calomnie » Lire la suite.