Grand entretien
Svetlana Tikhanovskaïa : « Loukachenko ne laissera derrière lui que des ruines »
Exilée à Vilnius, Svetlana Tikhanovskaïa viendra plaider sa cause en Suisse au mois de mars. La cheffe de file de l’opposition biélorusse, qui appelle Berne à enquêter sur les avoirs cachés du président, a confié ses espoirs et ses doutes au « Temps »
Propos recueillis par Ania Nowak Publié vendredi 19 février 2021 à 15:10 Modifié vendredi 19 février 2021 à 16:19
Passée en quelques semaines de mère au foyer à égérie de la révolution biélorusse, Svetlana Tikhanovskaïa, 38 ans, le confesse : son combat pour l’organisation d’élections libres dans son pays est lourd à porter. Parfois, elle songe même à rentrer et à se faire arrêter pour ne plus avoir à « résoudre ces problèmes qui semblent insolubles ». Le Temps l’a rencontrée à Vilnius, où elle s’est réfugiée au lendemain de la victoire controversée d’Alexandre Loukachenko en août. Alors que les manifestations ont été brutalement réprimées par la police au point de presque disparaître et que le régime conserve l’appui de Moscou, Svetlana Tikhanovskaïa en appelle à l’aide de la communauté internationale – sans aller jusqu’à l’intervention directe – pour faire respecter les droits de l’homme. Elle insiste aussi sur le levier du sport, citant en exemple la récente controverse entourant le Fribourgeois René Fasel, président de la Fédération internationale de hockey sur glace, et l’annulation des Mondiaux prévus en Biélorussie. C’est avec ce message qu’elle se rendra en mars en Suisse, dont une ressortissante, Natallia Hersche, reste détenue à Minsk.
Le Temps : Quel sera l’objet de votre visite en Suisse ?
Svetlana Tikhanovskaïa : Sous réserve que les restrictions liées au coronavirus le permettent, j’aimerais rencontrer le nouveau président du parlement, Andreas Aebi, qui est venu à Vilnius l’automne dernier [en compagnie de sa prédécesseure Isabelle Moret, ndlr], pour aborder la question des droits de l’homme en Biélorussie, mais aussi la situation de Natallia Hersche. Nous souhaitons discuter avec les autorités suisses de la meilleure façon d’aider à obtenir sa libération, et celle des plus de 250 prisonniers politiques. Nous souhaiterions aussi qu’une enquête sur les avoirs cachés et les schémas de corruption d’Alexandre Loukachenko soit lancée en Suisse. Lire la suite.