Le juge Duchaîne se déchaine

Mercredi 6 février 2008 — Dernier ajout mercredi 25 février 2015

Le juge Duchaîne se déchaine

GRAND BANDITISME | mardi, 5 février 2008 | par Xavier Monnier

Extraits d’un article mis en ligne sur le site du magazine Bakchich.info :

Pitbull pour les uns, cow-boy pour les autres, le juge Charles Duchaine, passé par Monaco, Bastia, puis Marseille, enchaîne les dossiers chauds.

Une bande de fous furieux. La juridiction interrégionale spécialisée de Marseille abrite une maison de juges d’instruction kamikazes. « Plutôt des pit-bulls qui ne lâchent rien », relativise un habitué des prétoires marseillais. Avec en figure de proue ces derniers temps, le bon juge Charles Duchaîne. Un Limousin qui aime la terre, le monde rural… et les affaires de grand banditisme, comme le décrit sa petite fiche dans le who’s who. Presque incompréhensible pour un juge passé par Monaco, Bastia, pour se retrouver à Marseille… et y faire grand bruit.

Le garçon enchaîne les dossiers chauds, et ramène dans ses filets de gros morceaux. Dans l’instruction de l’affaire du Cercle Concorde, le limousin se permet de serrer Roland Cassonne, de le mettre en examen et de le garder au frais aux Baumettes, la prison Marseillaise, depuis près de 3 mois. Une insulte pour le bon Roland, parrain supposé du Sud-Est, qui, contrairement à feu ses contemporains (Francis Le Belge, Gaétan Zampa) ou aux rescapés des luttes du milieu marseillais (Jacky Imbert) n’avait jamais passé une journée à l’ombre. […]

« Le juge paysan » a aussi mis les pieds dans l’étonnante affaire de la SMS, une boîte de sécurité visée par une enquête pour escroquerie en bande organisée. Dans le lot, une flopée de mis en examen, dont nombre de nationalistes corses, plutôt ouverts au dialogue avec l’État et plutôt affairistes. « Il est en train de mettre l’île à feu et à sang », siffle d’admiration un avocat insulaire. Cerise sur le gâteau, l’ami Duchaine a aussi sur les bras une enquête qui vise l’OM. Plus précisément les conditions du transfert de Lorik Cana, du PSG vers l’OM… dont le joueur albanais est devenu capitaine en début de saison. Pas franchement un cadeau tant « à Marseille, l’OM jouit d’un statut particulier », dixit le procureur de la république de la ville (en partance), Jacques Beaume.

Labourant à souhait, Duchaine veut tracer son sillon toujours droit. « Il a une petite réputation de cow-boy », concède avec affection un confrère. Courageux mais pas forcément très diplomate. Un brin gênant pour mener à bien des dossiers sensibles.

Son sens de la justice à fleur de peau a même failli lui coûter sa carrière. En poste entre 1995 et 1999 à Monaco, le bon Charles a peu goûté à la justice « Canada Dry » prônée sur le rocher. Ou aux multiples intercessions du procureur général Carrasco sur ses affaires. Ni une ni deux, Duchaîne envoie une lettre à sa hiérarchie… française. Petite erreur d’aiguillonnage qui lui vaut une rude procédure disciplinaire monégasque. Bienveillant à son égard, le cabinet de la ministre française de la Justice d’alors, Marylise Lebranchu, le tire de ce mauvais pas et l’envoie guerroyer en Corse. Le juge a tiré de ses aventures monégasques un livre, Juge à Monaco (paru en 2002 chez Michel Lafon), aujourd’hui épuisé.

Sur le Rocher encore aujourd’hui, avocats et magistrats qui l’ont côtoyé se souviennent avec nostalgie – ironie ? – de ses combats contre le blanchiment dans les casinos ou les étranges investisseurs qui ont tourné autour du Grand prix de formule 1 de Monaco. […]

Lire la suite de l’article sur le site du magazine Bakchich.info.

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