Contre le cynisme du monde d’avant, s’attaquer enfin aux champions de l’évasion fiscale
26 juin 2020 Par Eva Joly Blog : Le blog de Eva Joly
Pendant la crise, alors que l’Etat est au chevet des entreprises, une bonne moitié des entreprises du CAC 40 devrait verser entre 35 et 41 milliards d’euros de dividendes. Une situation inacceptable. Mais des solutions existent, et il n’y a pas de temps à perdre.
[…] L’envolée des dividendes alimentent les milliardaires. En 2018, quatre grandes familles du capitalisme français détenaient à elles seules 10% du CAC 40. Elles n’ont évidemment pas la palme de l’indécence. Aux Etats-Unis, par exemple, le patrimoine de 600 milliardaires a fait un bon de 434 milliards de dollars, soit 15 %,pendant les deux premiers mois de confinements. Les fortunes des seuls Jeff Bezos et Mark Zuckerberg, respectivement créateurs et PDG d’Amazon et Facebook, ont augmenté ensemble de près de 60 milliards de dollars, soit 14 % du total des 434 milliards de dollars. Ce n’est pas un hasard, les multinationales du secteur numérique étant celles qui ont le plus profité de la pandémie, puisqu’elles ne nécessitent aucune interaction physique avec le public, aux dépens, souvent, de petites et moyens entreprises de la distribution.
Ironiquement, ce sont aussi les entreprises du secteur numérique qui sont les championnes de l’évasion fiscale. Les GAFA, comme on les appelle – comprenez Google, Apple, Facebook et Amazon – ne sont certes pas les seules à ne pas s’acquitter d’impôts à la hauteur de leurs activités, mais du fait de leur dématérialisation, elles exploitent avec plus de facilité les failles du système fiscal international. En manipulant les transactions entre leurs filiales, elles déclarent des bénéfices records dans des paradis fiscaux, et une misère dans les pays où les impôts sur les sociétés sont plus élevés, même si, en réalité, c’est dans ces derniers qu’elles exercent leurs activités. C’est ainsi qu’Amazon, après avoir doublé ses profits aux Etats-Unis en 2018, n’y payera pourtant pas un seul dollar d’impôt, pour la deuxième année consécutive. Lire la suite.