OpenLux : pris au piège de leur propre labyrinthe financier
Par Maxime Vaudano et Jérémie Baruch
Publié aujourd’hui à 06h00
Factuel Se dissimuler derrière des sociétés offshore n’est pas sans risque lorsqu’il s’agit de prouver la propriété des actifs, comme le montrent trois histoires issues d’OpenLux.
Certains cachent leur argent dans des sociétés offshore. D’autres le perdent. C’est ce qu’a appris à ses dépens l’ancien intermédiaire en armements Arcadi Gaydamak, l’« homme aux cinq passeports ». Au début des années 2000, alors que la justice française menace de le faire tomber dans l’affaire de l’Angolagate, Arcadi Gaydamak confie à un cabinet fiduciaire luxembourgeois le soin de mettre à l’abri une partie de son immense fortune – « 365 millions d’euros », affirme-t-il. Pendant quelques années, il se désintéresse de l’argent, qui prospère dans les comptes d’une myriade de sociétés offshore enregistrées aux îles Vierges britanniques sous des prête-noms de la fiduciaire.
Quand son horizon judiciaire s’éclaircit un peu, en 2010, Arcadi Gaydamak découvre que ses conseillers luxembourgeois se sont approprié ses actifs, et ont vendu à son insu un bout de terrain paradisiaque au cap d’Antibes, selon son récit. « A partir du moment où ils sont au nom de la fiduciaire, et que ce sont des gens malhonnêtes, c’est très compliqué de les récupérer », tempête M. Gaydamak, qui écume depuis 2015 les tribunaux luxembourgeois pour tenter de retrouver son magot. « Il est assez béatement confiant d’avoir confié plusieurs centaines de millions d’euros à des tiers sans s’y intéresser pendant des années ! », ironise l’un de ses proches. Difficile de prouver qu’on est le véritable propriétaire
L’oligarque Vitaly Malkin a, lui aussi, fait les frais de l’opacité qu’il avait organisée. Plutôt que d’acheter directement son chalet à Courchevel, en 2011, l’ancien sénateur russe a réalisé l’opération avec Crystal Vision Holdings, une société luxembourgeoise détenue par des actions au porteur – un instrument opaque qui permet de cacher les véritables propriétaires. « C’était à l’époque la forme la plus courante pour les sociétés luxembourgeoises », justifie son avocat, qui précise que M. Malkin était alors réside Lire la suite.