Affaire Daphne Caruana Galizia : une nouvelle plainte a été déposée en France

Lundi 5 octobre 2020

Société « Projet Daphne »

Affaire Daphne Caruana Galizia : une nouvelle plainte a été déposée en France

Quatre banques françaises et une société de gestion de fonds ont financé une entreprise soupçonnée de corruption, dénoncée par la journaliste maltaise, avant son assassinat en 2017.

Par Jean-Baptiste Chastand et Anne Michel Publié aujourd’hui à 10h44

L’association Sherpa et la Fondation Daphne-Caruana-Galizia espèrent ouvrir un nouveau front judiciaire en France, dans l’affaire de la journaliste et blogueuse maltaise anticorruption assassinée il y a près de trois ans à Malte dans un attentat à la voiture piégée, le 16 octobre 2017. Selon nos informations, l’association qui lutte contre la criminalité économique et la fondation créée par la famille de la journaliste ont porté plainte auprès du Parquet national financier (PNF), pour des faits de « blanchiment aggravé de corruption », « complicité de blanchiment » et « recel aggravé », à l’encontre de quatre banques françaises et d’une société de gestion de fonds, dans leur activité de financement d’entreprises.

La plainte a été déposée mardi 29 septembre au PNF, ont appris Le Monde et l’équipe de médias du Projet Daphne, lancé par le collectif de journalisme d’investigation Forbidden Stories pour poursuivre le travail de la journaliste assassinée. Le Parquet financier a confirmé l’information.

Cinq établissements sont visés : une filiale de BNP Paribas (BNP Paribas Fortis SA/NV), la Société générale, les succursales de Londres de Natixis et du CIC, ainsi que Rivage Investment, par l’entremise de deux fonds d’investissement. Ils se voient reprocher d’avoir participé, le 30 novembre 2017, au sein d’un groupe de banques européennes, au plan de refinancement de 210 millions d’euros d’un consortium pourtant déjà soupçonné de corruption, ElectroGas Malta limited. Ce groupe a remporté en 2013, dans des conditions dénoncées par la blogueuse, le marché public pour construire une nouvelle centrale électrique au gaz.

Daphne Caruana Galizia avait notamment fait état sur son blog de soupçons de versements de pots-de-vin à des figures politiques du pays, repris dans la presse maltaise ou encore dans un rapport de Transparency International de février 2017. Après son décès, ses soupçons ont été confirmés et l’entreprise se retrouve désormais au cœur de l’enquête judiciaire ouverte à Malte sur l’assassinat de la journaliste. L’ex-directeur d’ElectroGas jusqu’en 2019 et ancien coactionnaire, Yorgen Fenech, est en effet soupçonné d’être le principal commanditaire de l’assassinat de Daphne Caruana Galizia, qui aurait pu avoir pour but de stopper les révélations de la blogueuse sur ce marché.

Les banques « ignorent la corruption »

Certes, la voie juridique empruntée par les plaignants auprès du PNF n’est pas évidente, car les soupçons de corruption n’étaient pas encore confirmés au moment de l’assassinat de la journaliste. Mais Sherpa et la fondation à la mémoire de la journaliste assassinée estiment que « les remboursements des sommes empruntées, dès lors qu’ils sont effectuées à partir de fonds illicites issus de la corruption, sont susceptibles de caractériser l’infraction de blanchiment de fonds et celle de complicité ». Lire la suite.

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