Le grand listing des sociétés écran
Actualité Par Boris Thiolay, publié le 13/06/2018 à 17:30
Véritable mine d’or, une base de données publique permet de localiser des milliers de Français amateurs de montages offshore.
Des Seychelles aux îles Samoa en passant par la Barbade ou Tahiti, ces destinations n’ont rien à envier au catalogue d’un tour-opérateur de grand luxe. Iles tropicales, noms exotiques et promesses de paradis… fiscaux : la base de données élaborée par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) - une organisation indépendante installée à Washington - est une véritable mine d’or. Ouverte au public sur Internet, elle divulgue des informations sur plus de 785 000 sociétés offshore domiciliées dans des pays offrant une fiscalité « douce », voire quasi inexistante. Elle dévoile également 720 000 noms de personnes liées à ces structures opaques : agents de domiciliation, hommes de paille servant d’administrateurs, intermédiaires, mais aussi bénéficiaires réels. Précision : cette base de données n’est pas exhaustive et ne contient qu’une partie du grand marché planétaire destiné à échapper à l’impôt. Et une réserve de taille : créer une société offshore n’a rien d’illégal en soi. L’optimisation fiscale n’est pas synonyme d’évasion ni de fraude vis-à-vis des impôts. A titre d’exemple, certains montages peuvent servir à préserver des secrets de famille : une donation hors héritage, une liaison extraconjugale…
Mais pénétrons dans la base, boîte de Pandore exhalant un parfum d’interdit. En tapant les six lettres du mot « France » sur le clavier d’ordinateur, nous obtenons une première réponse : 5 673 références apparaissent, adresses, noms d’intermédiaires ou d’administrateurs. Commence alors un voyage impressionniste dans l’univers des « panaméennes », des fondations au Liechtenstein ou des trusts nichés aux îles Cook rattachés à de simples Français. On peut lancer des recherches par nom propre, ville, département, voire par adresse postale. Certes, la plupart des structures offshore dévoilées au grand public ont été inactivées ou radiées depuis leur publication dans la base. Mais peut-être tomberez-vous sur votre voisin ou votre collègue de bureau, qui sait ? Lire la suite.