Restitution d’avoirs à l’Ouzbékistan : des associations critiquent la « négociation opaque » de la France
20 mai 2020 Par Agence France-Presse
- Mediapart.fr
Plusieurs associations ont critiqué mercredi « l’opacité des négociations franco-ouzbèkes » après une première restitution par la France à l’Ouzbékistan d’avoirs issus de « biens mal acquis » par la fille du défunt ex-président de ce pays autoritaire d’Asie centrale.
Plusieurs associations ont critiqué mercredi « l’opacité des négociations franco-ouzbèkes » après une première restitution par la France à l’Ouzbékistan d’avoirs issus de « biens mal acquis » par la fille du défunt ex-président de ce pays autoritaire d’Asie centrale.
Les associations, parmi lesquelles Transparency International France, Sherpa et l’Association des droits de l’Homme en Asie centrale (AHRCA), s’inquiètent dans un communiqué « tant de l’absence de garantie quant à la supervision du processus de restitution par les autorités françaises que du manque de transparence quant au déboursement et au suivi des fonds en Ouzbékistan. »
« Cette première restitution par la France aurait pu être l’occasion de la mise en place d’un mécanisme transparent afin que les avoirs retournés profitent in fine à la population ouzbèke. Il n’en fut rien », déplorent-elles.
Les autorités ouzbèkes ont annoncé le 14 mai avoir reçu de la part de la France 10 millions de dollars d’avoirs « illégalement acquis » par Goulnara Karimova, « transférés dans le budget de l’Etat » après avoir été restitués par la France.
Ces 10 millions de dollars constituent un premier versement après que la justice française a condamné fin juin 2019 plusieurs sociétés civiles immobilières françaises à payer à l’État ouzbèke, partie civile dans cette information judiciaire, environ 60 millions d’euros de « dommages et intérêts en réparation du préjudice subi ».
Ces sociétés avaient acquis pour le compte de Mme Karimova plusieurs luxueux biens immobiliers à Paris, près de la capitale et sur la Côte d’Azur « avec des fonds provenant du délit de corruption d’agent public étranger commis en Ouzbékistan », selon la décision consultée par l’AFP.
Cette condamnation a été menée via la procédure de comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité, le plaider-coupable à la française.
« C’est sans doute la première affaire dans laquelle un État étranger obtient effectivement réparation de tels détournements », s’était félicité vendredi dans un communiqué Me Stéphane Ceccaldi, avocat de l’État ouzbèke.
Ces 10 millions de dollars ne sont qu’une infime partie des quelque 1,3 milliard de dollars que l’Ouzbékistan réclame à plusieurs pays depuis l’emprisonnement de Mme Karimova en 2017.
L’année dernière, la Suisse avait rendu à l’Ouzbékistan plus de 130 millions de dollars déposés dans des banques helvétiques.
Fille aînée de l’ex-président ouzbek Islam Karimov qui a dirigé l’ex-république soviétique d’une main de fer jusqu’à sa mort en 2016, Goulnara Karimova fut un temps toute puissante avant de tomber en disgrâce, puis d’être emprisonnée pour fraude et détournement.