L’Express du 11/09/2003
Pasqua junior face au juge
par Gilles Gaetner
Dans l’affaire Falcone, le fils de l’ancien ministre de l’Intérieur doit désormais s’expliquer. Acceptera-t-il ?
Pierre-Philippe Pasqua, qui vit actuellement en Tunisie, était attendu - à moins d’un coup de théâtre - le mercredi 10 septembre dans le cabinet du juge Philippe Courroye. Afin d’y être mis en examen pour recel d’abus de biens sociaux dans le cadre de l’un des volets de l’affaire Falcone, celui de la Sofremi, une société d’exportation de matériels sensibles dépendant du ministère de l’Intérieur. Si, au dernier moment, le fils de l’ancien ministre de l’Intérieur choisissait de ne pas répondre à la convocation du magistrat, la sanction devait être immédiate : mandat d’arrêt international valant mise en examen. Pour Pierre-Philippe Pasqua, c’est désormais une partie délicate qui s’engage avec le juge Courroye. Ce dernier, qui enquête depuis deux ans sur les nombreuses commissions versées par la Sofremi à l’occasion de marchés, soupçonne le fils Pasqua d’avoir été, in fine, grâce à un circuit bancaire embrouillé, le destinataire de l’une d’entre elles, à hauteur de 10,8 millions de francs.
Le 12 juillet 1994, Charles Pasqua étant ministre de l’Intérieur, la Sofremi passe un contrat avec la Colombie pour l’équipement de la police de Bogota. Un contrat obtenu grâce à l’entremise de la société Brenco, animée par Pierre Falcone, qui reçoit 12 millions de francs. Ce pactole atterrit successivement sur deux comptes de passage, d’abord à Funchal (Madère), puis à la BNP de Buenos Aires. Enfin, en septembre 1994, cette somme, amputée de plus de 1 million de francs, se retrouve sur un compte Dowman à l’IBZ de Genève. Or, selon les investigations du juge suisse Daniel Devaud, ce compte a pour ayant droit économique Pierre-Philippe Pasqua, tandis qu’un autre personnage, aujourd’hui décédé, Etienne Leandri, bénéficiait d’une procuration.
D’où les interrogations du juge Courroye, qui souhaitait recueillir, depuis plusieurs mois, les explications de Pierre-Philippe Pasqua. Lequel a toujours démenti être titulaire ou ayant droit économique d’un compte en Suisse. Le fils de l’ancien ministre de l’Intérieur, dont l’avocat, Me Pierre Haïk, a été contacté en vain par L’Express, parviendra-t-il à convaincre le juge Courroye de sa bonne foi ?
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