La Suisse va rendre des millions à l’Angola
Extrait de l’article :
COMPTE À L’UBS GENÈVE
En avril 2002, le juge genevois Daniel Devaud inculpe l’homme d’affaires Pierre Falcone, alors déjà poursuivi en France. Le magistrat s’est penché sur la restructuration de la dette de l’Angola envers la Russie. Luanda devait 5 milliards de dollars à Moscou. Les deux Etats s’entendent sur un règlement de 1,5 milliard comme solde de tout compte.
Abalone, société contrôlée entre autres par M. Falcone, joue les intermédiaires. Les remboursements transitent par un compte ouvert à l’UBS Genève. Jusque là, rien à redire. Seulement, la justice découvre qu’une grande partie des fonds s’est éparpillée.
Sur les 774 millions de dollars versés sur le fameux compte entre 1997 et 2000, seulement 161 millions sont allés sur un compte reconnu comme celui du Ministère des finances russe, selon les éléments réunis par l’ONG Global Witness. Le reste ?
Toujours d’après l’ONG, M. Falcone s’est octroyé 88 millions, son associé 60 millions, un banquier russe supposé proche de Boris Elstine, reçoit 48 millions… Malgré la complexité des transferts passant de sociétés écrans en paradis fiscaux, le juge Devaud retrouve la trace d’autres millions au Luxembourg destinés « selon toute vraisemblance » au président angolais Dos Santos et à quelques collaborateurs.
Le président se retrouve ainsi éclaboussé. Ces révélations entraînent de graves tensions entre Berne et Luanda.