Antonio Di Pietro : en Italie, « les juges sans moyens face à la corruption »
INTERVIEW - Antonio Di Pietro, procureur lors de l’opération « mains propres » en 1992, revient sur le scandale qui secoue actuellement l’Italie.
Rome est plongée depuis trois semaines dans un scandale gigantesque de corruption impliquant entreprises publiques, classe politique et malfrats issus des rangs de l’extrême droite.
« Mafia capitale », c’est une seconde affaire « Mains propres » comme on peut le lire dans la presse italienne ? La nouveauté c’est que le système est devenu plus sophistiqué. Ici, il y a un bras armé. Il ne s’agit plus seulement de politiciens vendus au monde des affaires, mais d’une bande criminelle, d’ex terroristes fascistes qui s’assurent que chacun joue son rôle et qui menacent ceux qui s’en écartent. On parle aujourd’hui de Rome, mais, sur 8.000 villes italiennes, combien d’autres sont potentiellement mafieuses ? On ne peut pas demander à un chirurgien de faire dix interventions par jour, sans lui donner le bistouri, les infirmières et les salles d’opération. Aujourd’hui en Italie, chaque magistrat s’occupe en moyenne de 1.500 procès !