Corruption : Siemens paye une lourde amende mais n’est pas tiré d’affaire

Vendredi 5 octobre 2007

04/10/2007 19:50

BERLIN (AFP) - Corruption : Siemens paye une lourde amende mais n’est pas tiré d’affaire

Le conglomérat allemand Siemens va payer une lourde amende pour mettre fin aux poursuites en Allemagne contre les pratiques douteuses dans sa branche communications, mais n’en a pas fini avec les scandales de corruption qui le secouent depuis des mois.

Le groupe industriel a annoncé jeudi qu’il allait régler une amende de 201 millions d’euros imposée par un tribunal de Munich (sud).

Ce paiement « marque la fin des poursuites contre Com », la division de systèmes de communication de Siemens, principale incriminée dans un scandale de pots-de-vin, a indiqué Siemens dans un communiqué.

Un porte-parole du parquet de Munich a confirmé à l’AFP la fin de toutes les poursuites contre le groupe Siemens en tant que personne morale.

Mais le parquet a annoncé au même moment la première mise en examen d’un ancien dirigeant du groupe dans cette affaire de corruption : Reinhard S. est selon la presse soupçonné d’avoir été le trésorier occulte de la branche de communications.

Siemens a également conclu un accord avec le fisc allemand à propos de Com, et « reconnaît sa responsabilité dans la conduite frauduleuse de Com par le passé ».

« Les décisions de ce jour sont des étapes importantes pour clarifier et mettre fin aux mauvaises conduites du passé. Siemens assume pleinement sa responsabilité », a déclaré le patron du groupe Peter Löscher.

Siemens, selon les enquêteurs, a monté un vaste système de caisses noires destinées à « acheter » des contrats à l’étranger, principalement dans les communications.

Le conglomérat allemand avait reconnu officiellement le détournement de 420 millions d’euros, mais selon la presse allemande, le montant des pots-de-vin dépasserait 1,5 milliard d’euros.

Le règlement de l’amende de 201 millions d’euros ne devrait cependant pas mettre fin aux ennuis du groupe allemand, loin de là.

Comme l’a montré la mise en examen de Reinhard S., la fin des poursuites contre l’entreprise ne signifie aucunement que la justice allemande va abandonner ses enquêtes individuelles contre d’anciens cadres du groupe.

Par ailleurs, dans cette affaire aux ramifications très vastes qui a fini par coûter son poste au patron Klaus Kleinfeld ainsi qu’au chef du conseil de surveillance Heinrich von Pierer, Siemens fait aussi l’objet d’enquêtes entre autres en Suisse.

Mais surtout, depuis le printemps, la redoutable autorité boursière américaine, la SEC, s’est saisie du dossier, faisant redouter d’autres amendes bien plus lourdes pour l’entreprise, fleuron de l’industrie allemande et premier employeur privé d’Allemagne.

Enfin, les soupçons de caisses noires ne sont pas limités à la seule activité de communications, sanctionnée jeudi. Siemens est en effet présent dans de multiples domaines, allant de la construction de centrales électriques à celle de trains, en passant par l’imagerie médicale.

Pour couronner le tout, l’entreprise est aussi empêtrée dans une affaire de corruption d’un petit syndicat, AUB, que la direction de Siemens aurait tenté d’acheter afin de saper l’influence du grand syndicat IG Metall.

Siemens s’est engagé jeudi, selon son communiqué, à « soutenir les autorités dans la mesure du possible » et « travaille à l’éclaircissement des faits dans les autres divisions. »

© AFP

Publié avec l’aimable autorisation de l’Agence France Presse.

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