L’affaire des caisses noires de Siemens passe par la Suisse

Dimanche 13 mai 2007 — Dernier ajout lundi 13 août 2007

ECONOMIE

L’affaire des caisses noires de Siemens passe par la Suisse

Date de parution : Samedi 18 novembre 2006

Auteur : Yves Petignat, Berlin

JUSTICE. La Suisse enquête depuis un an avec l’Allemagne sur d’éventuels cas de corruption transitant par des sociétés-écran.

Cinq personnes arrêtées, dont deux hauts managers de la division Communication, des comptes contenant plusieurs dizaines de millions d’euros bloqués en Suisse, une trentaine de perquisitions menées dans les bureaux et au domicile de cadres, dans les environs de Munich : la découverte d’un vaste réseau de caisses noires ébranle depuis quelques jours le conglomérat allemand Siemens, dont la réputation est déjà ternie par la vente dans des circonstances douteuses de son secteur de téléphonie mobile au taïwanais BenQ.

En Suisse, le Ministère public de la Confédération (MPC) indique que trois procureurs fédéraux ont participé aux perquisitions en Allemagne. Le MPC avait été alerté en été 2005 déjà par le Bureau de communication en matière de blanchiment d’argent. La Suisse a transmis une demande d’entraide judiciaire à l’Allemagne, ce qui explique la présence de la délégation suisse, confirme Jeannette Balmer, porte-parole du MPC.

Selon le quotidien de Munich Süddeutsche Zeitung, l’ancien chef des finances de la division Communication ainsi qu’un membre de la direction chargé de la clientèle figureraient parmi les cinqpersonnes arrêtées. Le Parquet de Munich, qui a ouvert une enquête contre une dizaine de dirigeants de Siemens, les accuse d’avoir détourné durant des années une vingtaine de millions d’euros par un jeu de fausses factures et de sociétés-écran installées en Suisse et au Liechtenstein, vraisemblablement dans le but de verser des pots-de-vin à des dirigeants d’entreprises ou des autorités à l’étranger lors de la signature de contrats.

Les autorités judiciaires examinent notamment dans quelle mesure des dessous-de-table n’ont pas été versés dans le cadre de contrats pour les Jeux olympiques d’Athènes en 2004 ou lors de projets de télécommunications en Egypte, au Koweït, en Indonésie ou en Arabie saoudite. Selon la Süddeutsche Zeitung, certaines des personnes inculpées auraient déjà fait des aveux partiels.

L’assainissement, une priorité. La question pour les enquêteurs est désormais de savoir dans quelle mesure ces cadres ont agi sur ordre ou avec l’assentiment des dirigeants du groupe. Pour l’instant, aucun membre du directoire de la holding, qui annonce vouloir collaborer ouvertement avec la justice, n’a été interrogé. En arrivant à la tête de Siemens, au début 2005, le nouveau patron du groupe, Klaus Kleinfeld, avait fait de l’assainissement du géant industriel allemand sa priorité. Il pensait d’abord à une restructuration des onze divisions du groupe, dont le secteur télécommunications qui accuse un recul de ses profits opérationnels.

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