Carnet noir
L’hommage de Bernard Bertossa à Laurent Kasper-Ansermet
L’ancien procureur général du canton de Genève décrit un magistrat intelligent, cultivé, attachant, parfois imprévisible, et surtout déterminé à poursuivre des adversaires réputés trop puissants pour être inquiétés
Bernard Bertossa, ancien procureur général de Genève Publié mercredi 23 juin 2021 à 07:52 Modifié mercredi 23 juin 2021 à 09:44
C’est avec consternation et, surtout, avec une grande tristesse que nous apprenons le décès, à 74 ans, de Laurent Kasper-Ansermet. Nous ? Ce n’est pas un pluriel de majesté, ce sont toutes et tous, qui, comme moi, ont eu la chance de bénéficier de sa collaboration au sein de la magistrature genevoise. Dès 1992 et pendant plus d’une décennie, il a assumé successivement les fonctions de procureur, de juge d’instruction, puis de juge du siège à la Cour de justice, avant de quitter Genève et de s’engager au service du droit et de la justice internationale.
Intelligent, cultivé, parfois imprévisible, Laurent Kasper-Ansermet était un homme attachant pour celles et ceux qui savaient apprécier ses qualités hors du commun. Dans son souci de contribuer à l’administration d’une justice qui, souvent par crainte ou par ignorance, rechignait à s’en prendre à des adversaires réputés trop puissants pour être inquiétés dans leur turpitude, il ne s’est pas fait, certes, que des amis. Mais il a mérité la reconnaissance de celles et ceux qui – c’est mon cas – ont partagé sa détermination, son courage, son intrépidité parfois, toujours cependant au service d’une cause juste. Dans sa quête d’une justice pénale équitable, s’appliquant sans crainte injustifiée à ceux qui commettaient des infractions financières, complexes, qu’il était en charge de poursuivre d’instruire ou de juger, Laurent Kasper-Ansermet a fait preuve d’une détermination sans faille, qui nous laisse le souvenir d’un magistrat ayant su parfaitement faire honneur à sa charge. Lire la suite.