Le départ d’Addax est « une vengeance de Pékin »

Mercredi 9 août 2017

Le départ d’Addax est « une vengeance de Pékin »

Le départ de la filiale de Sinopec est lié à sa propre histoire et à ses problèmes juridiques, estime-t-on à Genève. Il restera un acte isolé qui n’augure aucune tendance dans le secteur du négoce de matières premières de la région lémanique

Servan Peca Publié mardi 8 août 2017 à 19:53, modifié mardi 8 août 2017 à 23:01

Finalement, Addax s’en va. La société genevoise, active dans l’exploration et la production de pétrole, propriété du groupe chinois Sinopec depuis 2009, va quitter ses locaux du bout du lac d’ici à la fin de l’année. Comme l’a révélé la Tribune de Genève, ses 174 employés en ont été informés lundi après-midi.

A Genève, on avait pourtant considéré que le paiement de 31 millions de francs exigé par la justice en guise de réparation était suffisamment clément pour clore le chapitre des soupçons de corruption dont Addax et ses dirigeants avaient fait l’objet. On allait passer à autre chose, pensait-on.

« Aussi malheureuse soit-elle, cette décision est probablement de nature émotionnelle », réagit Philippe Monnier, l’ancien directeur de l’agence de promotion économique de Suisse occidentale (GGBa). « Ce que Sinopec avait acheté, très cher, ce sont des employés compétents et les réseaux qu’ils avaient su tisser », rappelle-t-il, histoire de souligner que ce départ lui semble peu pertinent, d’un point de vue stratégique.

Aucun impact financier

C’est pourtant ce que la direction d’Addax affirme. En substance, elle explique que les affaires se compliquent en raison des bas prix du pétrole et qu’il s’agit désormais de rationaliser et de supprimer les doublons. D’ailleurs Sinopec a aussi annoncé la fermeture de ses bureaux à Aberdeen en Ecosse et à Houston aux Etats-Unis.

Cette explication, Patrick Gantès n’y croit pas. Pour le secrétaire général du Centre de recherches entreprises et sociétés (CRES), à Genève, cette décision n’a aucun impact financier sur la multinationale aux 8,5 milliards de francs de bénéfice annuel. Cette fermeture est « une vengeance vis-à-vis de Genève et de la Suisse », affirme-t-il.

Une affaire classée

Après une enquête de plusieurs mois, la justice genevoise a conclu en juillet dernier qu’elle ne disposait pas d’éléments suffisants pour condamner Addax, soupçonnée d’avoir versé des pots-de-vin au Nigeria. Une affaire classée, mais une symbolique forte, vu de Pékin.

« Les Chinois ont perdu la face, estime Patrick Gantès. Du coup, ils retirent leurs billes. » Selon lui, ce déshonneur serait d’autant plus fort que « le rachat d’Addax avait marqué les esprits en Chine. C’était une première acquisition d’importance dans le pétrole à l’étranger, ils avaient de grandes ambitions. » Lire la suite.

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