20 juillet 2001 - 12:19
Un juge suisse sur les traces de Raul Salinas au Mexique
Légende photo : Paul Perraudin (à gauche) et Raul Salinas. (swissinfo)
Le juge d’instruction genevois Paul Perraudin est arrivé jeudi soir au Mexique afin de poursuivre son enquête sur Raul Salinas de Gortari que la justice helvétique accuse de blanchiment d’argent sale. Il devrait également interroger ses complices qui lui ont versé quelque 100 millions de dollars d’origine douteuse.
Le but du voyage du magistrat genevois vise à déterminer la provenance de l’argent déposé par Raul Salinas sur des comptes bancaires suisses. Des comptes bloqués depuis 1998 par l’ex-procureur de la Confédération, Carla Del Ponte, avant qu’elle ne soit dessaisie du dossier au profit de la justice genevoise.
Chefs d’inculpation notifiés
Durant sa visite de six jours, il rencontrera Raul Salinas et sa femme Paulina Castañon, auxquels il notifiera les chefs d’inculpation qui pèsent sur eux, à savoir le blanchiment d’argent sale.
Le « frère incommodant » de l’ex-président Carlos Salinas de Gortari est aujourd’hui incarcéré dans un pénitencier où il purge une peine de 27 ans de prison en tant qu’auteur intellectuel de l’assassinat en 1994 de son ex-beau-frère Francisco Ruiz Massieu, alors secrétaire général du PRI, le Parti Révolutionnaire Institutionnel.
Par ailleurs, en collaboration avec le Ministère public mexicain, le juge Perraudin devrait également interroger les complices présumés de Raul Salinas. Des personnalités très en vues de l’ancien régime, notamment des politiciens, des hommes d’affaires influents et des banquiers mexicains, tous étroitement liés au président Carlos Salinas durant son mandat, de 1988 à 1994.
Il n’est d’ailleurs pas impossible qu’en fonction des résultats de ses investigations, le magistrat genevois décide d’appeler à comparaître l’ex-président, aujourd’hui en exil volontaire en Irlande, pour l’entendre dans cette affaire où il pourrait être impliqué.
En se rendant au Mexique, le juge Perraudin espère donc trouver les derniers éléments de cet imbroglio criminel, et notamment déterminer si les quelque cent millions de dollars gelés en Suisse proviennent de la corruption ou du trafic de drogue.
Dans ce dernier cas, il pourrait décider de la confiscation définitive des avoirs de Raul Salinas.
Patrick John Buffe, Mexico