ENTRETIEN.
« L’Europe est hypocrite face aux paradis fiscaux », dénonce le juge Renaud Van Ruymbeke
Ouest-France Patrice MOYON. Modifié le 27/11/2022 à 11h33 Publié le 27/11/2022 à 07h45
Au cœur de nos démocraties subsistent des paradis fiscaux qui profitent aux oligarques russes. C’est ce que dénonce Renaud Van Ruymbeke, qui publie « Offshore », consacré à cette question.
Le juge Renaud Van Ruymbeke, magistrat spécialisé dans les affaires financières et aujourd’hui retraité, dénonce les paradis fiscaux qui s’abritent jusqu’au cœur même de l’Europe.
Avec son dernier livre, Offshore, dans les coulisses édifiantes des paradis fiscaux, il montre comment cela profite aux oligarques russes.
Lors du sommet du G20 en 2009, on semblait se diriger vers la fin des paradis fiscaux. Pourquoi sont-ils encore là ?
L’enfer est pavé de bonnes intentions. Personnellement, je n’y ai pas cru une seconde. Je me heurtais depuis dix ans déjà aux circuits des offshore et je ne voyais pas comment tout cela aurait pu brusquement disparaître. On a pris des demi-mesures, fait des listes noires, grises, blanches. Mais tout ça s’est révélé être du vent.
Même dans les paradis fiscaux situés dans la zone d’influence occidentale ?
Prenez le cas du Shéhérazade, un yacht luxueux de 140 mètres de long qui pourrait être la propriété de Vladimir Poutine. Il est immatriculé aux îles Caïmans, qui sont rattachées à la couronne britannique. On soupçonne Poutine d’être le véritable propriétaire de ce yacht. Mais sans pouvoir le prouver.
Des sanctions ont pourtant été prises ?
Oui, mais le monde de l’offshore et des paradis fiscaux garantit l’anonymat, avec des montages complexes qui renforcent cette opacité. Les oligarques russes qui figurent sur la liste de l’Union… Lire la suite.