Agence France-Presse 27 novembre 2024 à 06h14
Le groupe indien Adani a annoncé mercredi avoir perdu 55 milliards de dollars en valeur boursière depuis l’inculpation aux Etats-Unis de son patron-fondateur Gautam Adani dans une affaire de corruption et déploré les comptes-rendus « incorrects » des médias à son sujet.
« Depuis la notice d’inculpation du département de la Justice américain, le groupe a enregistré une perte de près de 55 milliards de dollars dans la capitalisation boursière de ses 11 entreprises cotées », a rapporté Adani dans un communiqué.
Gautam Adani, 62 ans, est soupçonné d’avoir participé au versement de 250 millions de dollars de pots-de-vin à des fonctionnaires indiens pour obtenir des marchés dans l’énergie solaire en Inde.
L’acte d’accusation du procureur fédéral de Brooklyn (Etats-Unis) l’accuse, avec d’autres dirigeants du groupe et plusieurs intermédiaires, d’avoir « mis en place un système destiné à offrir, autoriser et payer des pots-de-vin à des fonctionnaires du gouvernement indien ».
Il fait notamment état d’une rencontre d’un des inculpés en avril 2022 avec Gautam Adani, son neveu Sagar Adani et Vneet Jaain, tous deux dirigeants de la filiale Adani Green Energy, pour « discuter du système de versement des pots-de-vins ».
Sitôt l’inculpation annoncée par le procureur fédéral de Brooklyn (Etats-Unis), son groupe avait démenti ces accusations qualifiées de « sans fondement » et promis de les contester en justice.
Le multimilliardaire Gautam Adani est considéré comme un proche du Premier ministre ultranationaliste hindou Narendra Modi.
Dans le communiqué publié mercredi, le groupe a souligné que son patron, Sagar Adani et Vneet Jaain n’ont « pas été inculpés de corruption ».
Ces responsables ne sont mis en cause que pour des chefs de « fraude » aux règlements sur l’information et les échanges sur les marchés financiers, a-t-il ajouté.
L’acte d’accusation du procureur leur reproche d’avoir caché le « système de corruption alors qu’ils cherchaient à lever des fonds auprès d’investisseurs américains et internationaux ».
- « Comptes-rendus incorrects » -
« La mauvaise compréhension (de l’acte d’accusation) par différents médias, étrangers et indiens, a conduit à des comptes-rendus incorrects et irréfléchis », a regretté le conglomérat.
« Cette action américaine infondée et les comptes-rendus irréfléchis (des médias) ont eu des répercussions significatives », a-t-il insisté.
Le Kenya a ainsi annoncé l’annulation de partenariats avec le groupe, alors que le Bangladesh et le Sri Lanka ont décidé de réexaminer des projets ou des accords passés avec le conglomérat indien.
Son partenaire français TotalEnergies, qui détient 20% du capital de la filiale Adani Green Energy, a de son côté annoncé le gel de tout nouvel investissement en lien avec le groupe.
En Inde, le chef de l’opposition, Rahul Gandhi, a exigé « l’arrestation immédiate » de Gautam Adani et l’ouverture d’une enquête parlementaire sur les activités de son entreprise.
L’affaire a jeté à nouveau le trouble sur l’empire Adani, un groupe dont les activités s’étendent des mines de charbon et énergies renouvelables jusqu’aux ports et aéroports ou encore aux médias.
En 2023, son groupe avait été accusé de « manipulation éhontée » des cours de ses propres actions et de « fraude comptable sur plusieurs décennies » par la société d’investissement américaine Hindenburg Research.
Gautam Adani avait rejeté ces accusations, mais son groupe avait vu sa valeur boursière amputée de plus de 150 milliards de dollars et sa fortune personnelle fondre de 80 milliards de dollars.
Le magnat, deuxième fortune d’Inde, selon le classement 2024 du magazine américain Forbes, et son entreprise ont depuis compensé une grande partie de ces pertes.
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