Lanceurs d’alerte : piège à convictions
Marie PIQUEMAL 2 mars 2015 à 20:16
DÉCRYPTAGE
En France, les salariés qui dévoilent des informations jugées sensibles se retrouvent souvent seuls et mal protégés.
Chacun, avec ses mots, évoque cette « extraordinaire solitude ». Ce sentiment d’être le mouton noir, seul contre tous, sans savoir vers qui se tourner. Leur carrière s’est brisée le jour où ils ont parlé. Ils sont lanceurs d’alerte. Quel que soit leur secteur d’activité (banque, fonction publique, médico-social…) et les faits qu’ils dénoncent (malversation financière, corruption, maltraitance…), leurs histoires se ressemblent. Un jour, pour des raisons très variées, et parfois après avoir été impliqués, ils se décident à l’ouvrir. Ils balancent.
Certains se prennent un mur, parce qu’ils se sont confiés à la mauvaise personne ou qu’ils n’ont pas suffisamment de preuves. D’autres parviennent à faire éclater des scandales et changer le cours des choses, pour l’intérêt général. Mais ces Zorro d’un jour se retrouvent souvent seuls le lendemain (lire pages 4-5). Sans boulot, quelque fois « grillés » dans leur secteur d’activité, et sur la paille. Tous racontent avoir été « broyés » psychologiquement et sans aide pour se relever. « L’histoire de Stéphanie Gibaud, qui est à l’origine de l’affaire UBS France, témoigne bien de cette précarité. Elle a fait gagner des milliards à la France. Et qu’a-t-elle en échange ? Elle est sans emploi, vit du RSA. Il y a quand même un problème, non ? » interpelle Sophie Binet, de la CGT, qui organise ce mardi soir, avec neuf autres organisations, un meeting de soutien aux lanceurs d’alerte (lire ci-dessous). Entre autres invités : Hervé Falciani (HSBC, affaire SwissLeaks), Antoine Deltour (LuxLeaks), André Cicolella (Institut national de recherche et de sécurité, affaire des éthers de glycol), Patrick Malick (affaire des marchés publics du BTP en Moselle). Avec un objectif : obtenir en France un vrai statut pour ces personnes. Lire la suite sur le site du journal Libération.