Lanceur d’alerte
Luxleaks : Antoine Deltour, décoré et mis en examen
Par Renaud Lecadre — 30 septembre 2015 à 18:07
Le Luxembourgeois qui a mis en lumière l’évasion fiscale au grand-duché a reçu un prix du Parlement européen et risque la prison dans son pays.
Antoine Deltour, lanceur d’alerte, vient de se faire remettre le prix du « citoyen européen », décerné en mains propres — aux deux sens du terme — par une vice-présidente de l’euro-parlement, mercredi après-midi à Paris (1). Ancien auditeur du cabinet d’audit PWC (PriceWaterhouse Cooper), il est à l’origine du Luxleaks, cette mine d’informations permettant de tracer l’évasion fiscale et-ou bancaire au Luxembourg.
D’abord anonyme, Antoine Deltour a fini par revendiquer publiquement son action (Libération du 14 décembre 2014). Il est depuis mis en examen au grand-duché pour violation du secret professionnel, mais sa décoration par le Parlement européen, à l’initiative de l’eurodéputée Eva Joly, tient du bras d’honneur adressé à la justice locale. Un « symbole réconfortant », nous confie-t-il, en « contradiction évidente » avec les poursuites engagées à son encontre au Luxembourg — il y risque cinq ans de prison et un million d’euros d’amende, car la justice locale ne rigole pas avec le secret bancaire.
Le Luxleaks fut initialement présenté comme une enquête de journalistes internationaux. Mais sans quelques lanceurs d’alertes initiaux, dont Antoine Deltour, point de scoop journalistique. Le jour même de sa décoration paraît un livre aux éditions Calmann-Lévy, Informer n’est pas un délit, corédigé par une quinzaine de journalistes. Lesquels se plaignent des entraves (menaces, plaintes, pressions, chantage publicitaire…) à l’exercice de leur noble métier. Cela fait partie du job — votre serviteur en est à une cinquantaine de plaintes en diffamation et a pris l’habitude de se faire raccrocher au nez.
[…] (1) Une cérémonie identique aura lieu prochainement à Bruxelles, décorant collectivement 47 lauréats, chaque pays membre de l’UE disposant de son quota de « citoyen européen » de l’année. Lire la suite sur le site du journal Libération.