OPA de Veolia sur Suez : enquête du PNF sur des soupçons de trafic d’influence
29 oct. 2021 Par Agence France-Presse
- Mediapart.fr
Le parquet national financier (PNF) enquête depuis mi-juin suite à une plainte de plusieurs syndicats du groupe Suez, suspectant notamment le secrétaire général de l’Élysée et des responsables de Veolia et d’Engie de trafic d’influence autour de l’OPA de Veolia sur Suez, a appris l’AFP vendredi de source judiciaire.
Le parquet national financier (PNF) enquête depuis mi-juin suite à une plainte de plusieurs syndicats du groupe Suez, suspectant notamment le secrétaire général de l’Élysée et des responsables de Veolia et d’Engie de trafic d’influence autour de l’OPA de Veolia sur Suez, a appris l’AFP vendredi de source judiciaire.
Les plaignants - qui représentent la majorité de l’intersyndicale du groupe Suez - dénonçaient « l’intervention de l’Élysée bien en amont de l’annonce publique du projet » de fusion entre les deux fleurons de l’eau et des déchets, puis les « pressions régulières et répétées pour faire aboutir » le rapprochement.
L’enquête préliminaire du PNF a été ouverte le 18 juin 2021, a indiqué la source judiciaire.
Dans leur plainte, déposée le 22 avril auprès du parquet financier, les syndicats soupçonnaient le secrétaire général de l’Elysée Alexis Kohler, le PDG de Veolia Antoine Frérot, le président du conseil d’administration d’Engie Jean-Pierre Clamadieu et le PDG du fonds Meridiam Thierry Déau, de s’être entendus sur la fusion des deux entités.
Les syndicats faisaient état, dans la plainte, de plusieurs réunions « impliquant le gouvernement », d’un accord avec Meridiam « en amont de l’annonce du projet », de « l’intervention à différents niveaux de nombreux acteurs proches du pouvoir (…) mais surtout l’intervention directe d’Alexis Kohler en octobre 2020 auprès de représentants syndicaux » pour obtenir lors du conseil d’administration d’Engie que Veolia rachète les parts (29,9%) détenues par Suez.
En mai, un mois après la plainte, l’Union syndicale (CGT-CFDT-CFTC) de Suez, revendiquant 65% de la représentativité du groupe, avaient « décidé de mettre en demeure les sociétés Veolia, Engie, Meridiam et Suez de ne pas procéder à la destruction ou à l’altération des documents saisis le 26 novembre 2020 et actuellement sous séquestre ».
Ils s’inquiétaient de voir disparaître « ces documents (qui) pourraient se révéler être des éléments de preuve déterminants permettant d’identifier avec plus de précision le rôle de chacun des acteurs ayant été impliqués » dans le rachat.
Le dimanche 30 août 2020 au soir, Antoine Frérot, PDG du numéro un mondial de l’eau et des déchets, lançait le feuilleton industriel et financier de l’année en France en présentant à la presse son grand dessein, l’acquisition du rival de toujours.
Début octobre 2020, Veolia rachetait auprès d’Engie 29,9% de Suez, avant de lancer une OPA sur le reste des parts, au grand dam de son rival assiégé.
Mais après plus de sept mois d’âpres négociations, les dirigeants de Veolia et de Suez s’étaient finalement entendus mi-mai pour que le premier absorbe une bonne part du second et forme un « champion » de l’eau et des déchets pesant 37 milliards d’euros.
Fin juillet, Veolia a lancé une offre publique d’achat sur les 70,1% restants.
L’affaire devrait, selon les parties, être soldée dans les prochains mois, donnant naissance à un Veolia renforcé et un à Suez réduit à 40% du groupe actuel.
mk-gd-jpa/cb/els