La mafia voulait la peau de Carla Del Ponte

Vendredi 17 novembre 2017

La mafia voulait la peau de Carla Del Ponte

Italie Jugée trop curieuse, l’ancienne magistrate était devenue une cible de l’organisation criminelle, selon un repenti.

L’attentat manqué contre le juge anti-mafia italien Giovanni Falcone en 1989 visait également Carla Del Ponte, affirmait en 2002 un « repenti ». Selon lui, la mafia avait « juré d’éliminer » la magistrate tessinoise, jugée « trop curieuse ».

La mafia souhaitait faire « d’une pierre, deux coups », déclarait l’ancien mafieux Nino Giuffre le 4 décembre 2002 lors d’un procès à Caltanissetta, en Sicile. Elle voulait éliminer à la fois Mme Del Ponte, alors substitut du procureur du Sottoceneri (Sud du Tessin), et le juge Falcone, expliquait-il selon le procès-verbal de l’interrogatoire.

Selon lui, la Suisse était « pratiquement un endroit sûr » pour la mafia, en particulier au début des années 80. Le territoire de la Confédération servait notamment au blanchiment de l’argent du trafic de drogue aux Etats-Unis, qui était ensuite rapatrié en Italie.

Carla Del Ponte était toutefois « trop curieuse ». Sous son influence, « la justice a commencé à s’intéresser aux personnes qui étaient en contact avec la Suisse », avait raconté le repenti lors du procès en appel de cet attentat.

Près de 60 kilos d’explosifs

Le 20 juin 1989, Carla Del Ponte s’était rendue en Sicile avec le juge d’instruction Claudio Lehmann pour discuter du dossier de blanchiment d’argent de la « Pizza Connection ». La police a découvert et désamorcé à temps un sac de 58 kilos d’explosif sur le parcours que devaient emprunter les trois magistrats lors d’une promenade près de la villa du juge Giovanni Falcone.

Mme Del Ponte avait à l’époque expliqué qu’elle avait refusé au dernier moment l’invitation à la promenade, préférant se rendre en excursion à Palerme. Présenté comme le commanditaire de cet attentat, le boss mafieux Toto Riina avait été condamné à 26 ans de prison en octobre 2000. Le juge Falcone a été tué en 1992 dans un attentat également attribué à la mafia.

Témoignant lors du procès en mars 1999, Mme Del Ponte avait dit avoir reçu des menaces avant sa visite en Italie. Après l’attentat manqué, elle a reçu un nouvel avertissement à son retour à Lugano. Un inconnu à l’accent sicilien lui a téléphoné en disant : « Vous avez vu ce qui s’est passé ? Comportez-vous bien ! »

(ats/nxp)

Créé : 17.11.2017, 12h01

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