Syrie : Carla Del Ponte est « convaincue » que Bachar Al-Assad pourrait être condamné pour crimes de guerre
L’ex-membre de la commission d’enquête de l’ONU pense qu’il y aurait suffisamment de preuves, mais que le veto de la Russie au Conseil de sécurité bloque le processus.
Le Monde.fr avec AFP et Reuters | 13.08.2017 à 15h13
La commission d’enquête de l’Organisation des Nations unies (ONU) sur la Syrie aurait suffisamment de preuves pour condamner le président Assad pour crime de guerre. C’est ce qu’a affirmé Carla Del Ponte, qui vient de démissionner de son poste au sein de la commission, dans une interview aux médias suisses Le Matin Dimanche et SonntagsZeitung publiée dimanche 13 août.
Même si elle est « convaincue » que « les preuves sont suffisantes pour le condamner », la magistrate suisse de 70 ans a reconnu qu’en « raison du veto de la Russie au Conseil de sécurité de l’ONU sur la création d’un tribunal international, il n’y aura [it] ni accusation ni tribunal spécial pour l’instant ».
Pourtant, elle certifie que tout le « travail préparatoire » a été fait. Cette situation est « frustrante », « c’est une tragédie », poursuit-elle : « Sans justice en Syrie, il n’y aura jamais de paix et donc aucun avenir. »
[…] L’ancienne procureure, qui avait rejoint la commission d’enquête en septembre 2012, a annoncé la semaine dernière sa démission, affirmant être « frustrée » face à un organe qui « ne fait absolument rien ». « Je n’ai jamais vu un conflit aussi violent, dans lequel il y a autant d’enfants morts, torturés, décapités », a assené celle qui a enquêté sur l’ex-Yougoslavie et sur le génocide rwandais. Elle précise que sa démission officielle interviendra le 18 septembre, date de la prochaine session de la commission.
« Ma démission est aussi une provocation », a estimé Mme Del Ponte. « Elle doit servir à mettre la pression sur le Conseil de sécurité, qui doit rendre justice aux victimes. » La magistrate estime depuis plusieurs années que tous les acteurs du conflit se sont désormais livrés à des crimes de guerre. Si un tribunal pour la Syrie devait voir le jour, l’ancienne procureure s’est dit prête à le diriger.