« Les sociétés offshore entravent notre vision des flux financiers »
Le procureur genevois Yves Bertossa dénonce l’effet néfaste des sociétés écrans pour la justice. Mais aussi pour les banques, chargées de détecter en amont le blanchiment d’argent.
Sylvain Besson Publié : 07.10.2021, 12h00
Les Pandora Papers ont remis en lumière l’usage massif de sociétés offshore pour dissimuler des patrimoines parfois suspects.
Une réalité à laquelle la justice genevoise et ses procureurs de la section des Affaires complexes sont confrontés depuis longtemps. Interview de son chef, le Premier procureur Yves Bertossa.
Vous êtes spécialisé dans les affaires financières. En quoi les montages offshore posent-ils problème pour vous, pour vos enquêtes ?
Les structures offshore sont des structures juridiques sans aucune activité commerciale, qui servent uniquement à détenir un patrimoine. Interposer ces structures entre le client et son patrimoine n’a qu’un seul objectif : dissimuler et instaurer de l’opacité. Cela entrave l’activité des autorités de poursuite pénale et les capacités de détection des intermédiaires financiers, qui ont une vision limitée de certains mouvements de fonds. En cas de mouvements vers la Suisse depuis des sociétés offshore qui ont des comptes à l’étranger, ou vice versa, l’intermédiaire devrait connaître au moins l’ayant droit économique des sociétés étrangères, et l’arrière-plan économique des mouvements. Surtout quand il s’agit de dizaines de millions envoyés en Suisse. Or on constate que les intermédiaires financiers ignorent souvent ces informations. Lire la suite.